Chimiachas et son cerf plusieurs fois millénaire
En ce début de mois de mai, nous décidons de visiter l'Aragon, région d'Espagne. Saragosse, sa capitale, est notre objectif, mais c'est sans compter sur notre fantaisie connue de nos amis visiteurs. Nous arrivons de Mont-Louis en Cerdagne (France) et avons parcouru plus de 335km. Il se fait tard. Nous décidons de nous arrêter pour la nuit à proximité de Lécina, célèbre par son chêne millénaire. Nous nous engageons sur un chemin de terre, jetons notre dévolu sur un champ en friche à proximité de beaux amandiers. Pas de temps à perdre, nous installons notre campement.
Les surprises se succèdent
Le matin, au réveil, des biches broutent non loin. Nous ne bougons plus... Je murmure : « vite chéri prend une photo ! Tu as pu les avoir ?
- Oui, mais je ne sais pas ce que cela va donner » me répond Jean-Paul. Nous décidons finalement de rester un jour ou deux dans cet endroit perdu et dételons Roulotte, notre caravane, pour ceux qui n'ont pas lu nos précédents articles. Nous sentons ce lieu propice au repos et à la détente. En lisant un guide, nous apprenons que dans la Sierra de Guara, non loin de la rivière Vero, de magnifiques falaises regorgent de grottes avec des peintures rupestres. Il y a notamment un cerf légendaire dont j'avais vu les photos enfant, si bien que nous abandonnons Saragosse pour le cerf.
Une randonnée depuis Alquézar
Sachant que l'accès aux grottes se fait uniquement à pied, nous nous rendons très tôt le lendemain au village d'Alquézar avec un but bien précis en tête ; celui d'aller à la rencontre de ces fameuses peintures rupestres.
Avant de commencer notre «expédition», je vais à l'office de tourisme glaner des informations complémentaires pendant que Jean-Paul prend des photos du village. Le temps indiqué pour se rendre à ces grottes inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1998 est de trois heures, aller simple, pour de bons marcheurs. L'accès aux grottes est gratuit.
À la découverte des peintures rupestres
Nous passons très vite à notre rituel quotidien lorsque nous sommes en Espagne :« ¿ Señor, dos cafés con leche, por favor ?», sans quoi rien n'est possible et surtout pas une excursion !
Tout en buvant notre café, nous échangeons sur la dynamique de nos visites guidées panoramiques. C'est là que nous vient l'idée d'innover en intégrant une notion de progression pour le visiteur avant d'arriver aux panoramas eux-mêmes. Cela serait l'occasion d'emmener le visiteur avec nous dès le début de la randonnée plutôt que d'aller directement de panoramas en panoramas.
Enfin, notre caprice assouvi alors qu'il est déjà 10h30, nous nous dépêchons d'enfiler nos chaussures de marche, prenons le pique-nique, un peu d'eau et partons décidés vers notre quête : ces fameuses peintures rupestres de renommée mondiale. Comme nous avons envie de vous emmener avec nous, de vous immerger complètement dans notre environnement, nous estimons qu'il nous faudra certainement plus de trois heures de marche, peut être le double, pour faire les photos de notre progression ! Nous quittons rapidement le village par un joli chemin de terre qui finit par se rétrécir en sentier. Des panneaux mentionnant «arte rupestre» nous indiquent que nous sommes sur le bon itinéraire.
Notre premier travelling pour Visites Panoramiques
Nous longeons une rigole désaffectée qui tenait lieu de canal d'irrigation jadis, et traversons, après une heure de marche, une jolie passerelle métallique. Jean-Paul s'y attarde pour le premier panoramique. Nous entamons ensuite l'entrée des gorges sèches de la Sierra de Guara et perdons de vue le village d'Alquézar.
Les rapaces chassent et planent au-dessus de nos têtes. Nous sommes bien contents de ne pas être un animal blessé car en quelques heures, il ne resterait plus rien de nos pauvres dépouilles!
Qu'à cela ne tienne, rien n’arrêtera les braves que nous sommes ! Nous nous engageons dans un défilé de falaises aux gorges profondes, tout en contemplant ces oiseaux majestueux en vol sans pouvoir déterminer leur espèce précisément. Après le passage d'un petit pont de pierre (cf: image 1) qui traverse le Baranco de Poyuela, nous entamons une grimpette sévère qui nous fait bien suer ! Des marches d'escaliers nous facilitent la montée mais je souffre, souffle longuement avant de reprendre le sentier.
Las Balsas de Basacol et ses sorcières
Nous arrivons enfin à Las Balsas de Basacol un peu avant treize heures. Comment vous sentez-vous ? Pas trop fatigué ? Parce que nous, nous le sommes! Heureusement, grâce à un banc bien à l'ombre, nous profitons d'une belle aire de pique-nique bordée de cyprès. Les familles et amis doivent passer de bons moments ici avec tout le nécessaire pour la grillade. Les panneaux d'informations indiquent que c'était un réservoir d'origine arabe qui autrefois alimentait en eaux le village d'Alquézar et ses vergers. Il paraîtrait que l'édifice carré en pierre servait à conjurer les sorts envoyés par les sorcières limitant les passages de grêles, d'orages, protégeant ainsi les habitants et leurs cultures.
Pour l'heure, il semblerait qu'elles soient de notre côté ces fameuses sorcières car il fait beau, pas un nuage ne traîne à l'horizon. Il risque de faire très chaud, cependant, nous espérons avoir suffisamment d'eau avec notre litre et demi chacun pour continuer. Cette première étape franchie, souhaitez-vous poursuivre vers los abrigos de Quizáns y Chimiachas en notre compagnie ?
Si oui, alors prenez des forces, il y a encore quelques heures de marche en perspectives, de splendides panoramas à savourer, de belles peintures à découvrir et bien d'autres surprises... Pensez à vous hydrater et à vous sustenter car vous en aurez besoin lors du second épisode !
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