Un hameau isolé encore habité
Après une brève pause d'un quart d'heure dans cet oasis de verdure, nous reprenons la randonnée à 13h15 toujours sous un soleil de plomb. Sur notre gauche, un panneau indicateur donne la direction de San Pelegrín, hameau encore habité où coule la source qui alimente le réservoir de Las Balsas de Basacol. Autour de nous, tout est si sec qu'il est difficile d'imaginer de riches prairies ou pâturaient jadis les brebis.
La beauté des falaises nous surprend
Sur le chemin, une falaise avec ses nombreuses cavernes nous fait face et nous saisit par sa beauté. Nul doute que la grotte de Chimiachas n'est plus très loin. Jean-Paul et moi en sommes tout enthousiastes et fiers de notre performance sportive. Vous allez constater plus loin comme on s'est bien fourvoyé !
Subjugués par le spectacle qui nous environne, et pris par une frénésie de photos, nous ne savons quelles vues prendre et sous quel angle. Un panoramique à 360 degrés s'impose !
Ces nombreuses cavités sont certainement le résultat du travail du vent et de l'eau sur la roche durant des millénaires. Plus loin, nous longeons un abri de berger qui apparaît comme sorti de nulle part, tant la végétation autour de lui est dense. Il se fond magnifiquement bien dans le paysage. Nous poursuivons notre route encore 30 minutes sous ce soleil qui n'a pas baissé d'intensité lorsqu'un second abri en pierre visiblement rénové nous fait de l’œil.
Une cabane de berger providentielle
Un arrêt s'impose ! Venez, entrez, et vous vous sentirez bien mieux au frais. La voûte est assez haute pour se tenir debout. Autrefois, la Sierra de Guara était une terre de transhumance pour les brebis. Les bergers venaient se rafraîchir ici, comme nous aujourd'hui. Quelques fois, ils trayaient les brebis dans ces abris pour y faire du fromage. Cette pratique était très courante durant la période d'estive lorsque les troupeaux accédaient aux altitudes les plus élevées du secteur.
Il est 14h15 maintenant. Une ou deux gorgées d'eaux et des gâteaux secs suffiront pour cet en-cas. Il faut être économe sur l'eau car nous n'en n'avons pas beaucoup ! Nous quittons notre abri et reprenons le camino vers cette grotte chargée d'histoire.
La randonnée se transforme en une quête
Une émotion toute particulière nous submerge au fur et à mesure de la montée sur ce sentier rocailleux. La falaise semble toute proche, et donc la grotte aussi. Nous nous concertons et pensons être arrivés après voir fait un dénivelé positif de près de 400 mètres. La fatigue se ressent vite avec cette température bien trop élevée pour la saison et à 1050m d'altitude.
En se retournant, vous pouvez distinguer en bas le réservoir de Las Balsas de Basacol et les falaises où nichent les nombreux rapaces poursuivant inlassablement leur quête de nourriture. La nôtre, la vôtre, est d'atteindre la grotte de Chimiachas !
Me suis je perdue ?
Nous tournons à droite sur un sentier. Jean-Paul m'indique qu'il prend un peu d'avance afin de repérer les endroits les plus adaptés pour les prises de vue. Moi, je continue à monter péniblement, mais sûrement.
Après quelques centaines de mètres, je m'étonne de ne pas le voir sur le sentier... Je reviens sur mes pas, toujours personne ! Je décide de m'arrêter aux panneaux indiquant la fourche entre « los Abrigos de Quizáns y de Chimiachas ».
Et là, surprise ! Je réalise que cette falaise n'abrite pas la grotte de Chimiachas, mais celle de Quizáns. Ce qui signifie que nous ne sommes pas encore arrivés !
Une grotte en surplomb
Opportunément, un couple de randonneurs arrive vers moi. Aussitôt, je leur demande avec mon espagnol approximatif , «¿ Quereis dirme si ver un hombre alto con cámara en camino ? » traduction « vous n'auriez pas vu un homme grand, avec un appareil photo ? ».
Une chance ils sont français : « Oui votre mari est monté. Il a pris la direction de la grotte de Quizáns » me répondent-ils amusés. Je les remercie et en conclus qu'il n'est pas très loin mais qu'il me faut encore monter ! Je souffle, bois une bonne gorgée. Ah, Marie, il te manque de l'entraînement !
Au bout de deux minutes, je découvre un beau mur de pierres sèches qui tenait lieu d'enclos pour les brebis. En effet, il y avait là une ancienne bergerie.
Il est près de 15h00 maintenant. Jean-Paul est là, concentré à faire un panoramique. Toute contente de l'avoir retrouvé, naïve que je suis, je lui lance de joyeux ohé, ooohéée !, tout en gesticulant les bras.
Pauvre de moi, il me reçoit agacé : « tu es dans mon champ... tu es dans mon champ !»
Aïe aïe aïe, je le maudis !
La grotte de Quizáns
À la suite de ces gentilles prévenances je m'écarte du sentier pour rejoindre une échelle métallique, incontournable moyen pour accéder à la grotte de Quizáns. Je grimpe alors une bonne dizaine de marches, atteins des grilles de protection derrière lesquelles apparaissent les représentations rupestres. Je devine notamment un bouquetin (discutable...).
Les tracés et les tâches peintes en rouge ocre sur la paroi sont plus marqués. Les scientifiques les datent entre 1500 et 5000 avant JC et les classent dans l'art schématique. La signification des symboles reste un mystère. Est-ce de l'ordre du chamanisme ?
Notre regard se porte ensuite sur la vallée de la Sierra de Guara. Le paysage est grandiose, le temps s'est arrêté. Je vous propose de fermer les yeux et d'imaginer ces hommes et ces femmes des temps anciens qui vivaient là. Leurs préoccupations n'étaient certainement pas les nôtres. À chaque seconde, il était question de survie.
Je me suis posée comme vous quelques minutes, mais l'idée de découvrir ce fameux cerf mythique me donne l'énergie nécessaire pour poursuivre notre quête. Jean-Paul sera t-il de mon avis ?
En effet, Il m'oppose que cela fait cinq heures que nous sommes partis du village d'Alquézar, que notre réserve d'eau est très faible avec très peu de chance de trouver une source dans les parages. Comme si cela ne suffisait pas, il insiste sur notre mutuelle fatigue, mon manque d'entraînement, le fait que si nous poursuivons ainsi vers l'inconnu avec très très peu de nourriture, nous risquons de rentrer de nuit, sans lune, sans lampes.
Effectivement, il serait plus sage de renoncer...
Alors, allons nous découvrir ce fameux cerf mythique ?
Vous le saurez dans notre prochain et dernier épisode.
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