Bienvenue à Prunet-et-Belpuig
Un beau week-end automnal s'annonce. Nous avons laissé Roulotte, notre chambre ambulante, au gardiennage, le temps pour elle de se refaire une santé. Quelques réparations et contrôles s'imposent puisque nous envisageons de faire un voyage au long cours dans quelques mois.
Nous voilà au gré de nos pérégrinations dans les Aspres, au sein des Pyrénées-Orientales à 640 mètres d'altitude. Jean-Paul se souvient que sur la commune de Prunet-et-Belpuig, il y aurait un oppidum romain ou une forteresse médiévale en ruine, oubliée de tous. Nous prenons gaillardement cette direction espérant tirer au clair ses souvenirs lointains.
Le château retrouvé...
Au détour d'un virage, captivés par la majesté du massif du Canigou recouvert d'une belle couche de neige dont nous nous félicitons, nous décidons de faire une première pause photographique. C'est alors que face à nous, juché sur une éminence bien déboisée, se découpent les ruines d'un édifice probablement militaire. Ni une ni deux, nous filons droit sur une chapelle romane de montagne dont nous apprenons qu'il s'agit de la chapelle de la Trinité de Bellpuig, Belle colline en catalan. Peu d'habitants aux alentours mais un lieu scrupuleusement entretenu.
C'est ici l'endroit idéal pour faire un point topographique et organiser cette visite panoramique car, après vérification, il s'agit bien d'un château féodal. La décision est prise ! Nous allons nous garer à un ou deux kilomètres pour ensuite chausser nos souliers de marche, remplir nos sacs à dos, vérifier notre matériel audio et photo et nous engager sur un chemin de terre, nous rapprochant du site convoité.
...à la découverte de ses ruines
Nous montons tranquillement un bon kilomètre à découvert dans une lande, lieu de maigres pâturages. Les rayons du soleil nous effleurent la peau. La lumière est belle, contrastant avec les austères pierres noires de la muraille dont nous approchons. De part son emplacement stratégique, la forteresse médiévale permettait de surveiller et de contrôler les environs.
Les chênes verts ont poussé depuis, le lierre vient habiller ce qu'il reste d'une tour de garde. Prudemment, nous traversons les ruines de l'enceinte extérieure, les pierres jonchent le sol. Notre avancée se fait lentement. Un faux pas et c'est une foulure assurée. À présent, nous faisons face à une table d'orientation artistiquement émaillée, nous permettant une lecture de paysage riche et détaillée.
Elle nous précise les sommets environnants et les villages lointains, avec un cartouche dédié sommairement à l'histoire du château de Bellpuig.
Mais au fait... Belpuig; avec un seul L ou avec deux LL?
Hé bien cela dépend ! Pour le nom de la commune, la francisation s'impose. Mais pour le nom originel du château, c'est le catalan qui l'emporte. Il y a d'autres exemples de ce type dans nos Pyrénées-Orientales.
Une histoire mouvementée
Région déjà très sèche et pas riche à l'époque, Bellpuig était surtout une terre de transhumance, avec un droit de passage prélevé par les châtelains successifs occupant la forteresse.
Cette dernière aurait été construite autour des XIe et XIIe siècle, et fut témoin de nombreux événements historiques dans cette zone frontalière. Les conflits durant la guerre entre le Royaume de France et le Royaume d'Aragon, simultanément avec la Reconquista contre les Maures, plongeaient les populations locales dans un grand dénuement.
Les villageois en plus d'être dans la tourmente de ces incessantes batailles, subissaient les épidémies notamment de peste, et les famines. Peu à peu, les terres s'appauvrissant, l'exode rurale sévissant, la population de moins en moins nombreuse dans le village firent tant et si bien que le Castell de Bellpuig tomba dans l'abandon aux environs du XVIIe siècle.
Une architecture féodale...
En tentant d'imaginer la structure du château au Moyen Âge, nous errons quelques minutes dans les pierres et touffes d'herbes qui devaient être des coursives. Un peu plus loin, au point culminant, un donjon en ruine s'impose. Cela devait être la demeure seigneuriale car la maçonnerie s'avère de meilleure qualité que celle de l'enceinte. Le château aurait été composé de deux parties distinctes, l'une plus basse habitée par les villageois lors des périodes de siège ou lors des attaques de hordes barbares, et l'autre, plus haute, abritant les seigneurs et leur famille sur plusieurs siècles. Les châtelains avaient obligation de protéger les villageois des dangers, en contrepartie des corvées que ceux-ci leur devaient.
...sur un point stratégique
Le Château de Bellpuig devait être un redoutable poste de garde. En effet, Il domine toute la plaine du Roussillon jusqu'à la frontière espagnole. De ce point haut nous bénéficions d'un emplacement idéal pour réaliser nos panoramiques. Jean-Paul s'applique dans ses prises de vues et nous passons bien deux heures dans ce lieu méconnu des touristes.
En contrebas, nous apercevons au travers des chênes verts, un clocher à peine visible, très certainement celui de la chapelle de la Trinité que nous avons vu auparavant. Le soleil est encore haut, nous avons le temps de descendre. Rapidement le matériel est remballé et à notre tour nous abandonnons la forteresse.
La chapelle de la Trinité
Après une rapide descente, nous atteignons la chapelle, bel édifice du XIe siècle, récemment rénovés avec ses murs en schiste comme ceux du Castell de Bellpuig, ses trous de boulins et sa couverture en lauzes.
Il aurait fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques en juin 1951. Une pancarte annonce qu'un office a lieu le mardi. Nous poussons une porte chargée de pentures romanes à enroulement. Là encore, une ferrure magnifique ferme la porte. Elle a été travaillée comme dans de nombreux édifices du Moyen Âge de la région avec le fer du Canigou. L'intérieur de la chapelle est obscur et très sobre. Il n'y pas de décors sculptés. On peut y apercevoir notamment un Christ en bois du XII et une vierge à l'enfant assise habillant les murs.
Le trésor du Casteil de Bellpuig
Au gré de nos recherches, il paraîtrait que le château de Bellpuig garderait lui aussi jalousement son trésor. Des pièces d'or, des bijoux et d'autres objets de valeur auraient été destinés à assurer la sécurité financière de la famille seigneuriale en cas de besoin extrême. On raconterait aussi qu'il y aurait un long tunnel de plusieurs kilomètres partant du château permettant, en état de siège, au châtelain de fuir avec sa famille. Personne n'a encore trouvé la moindre pièce d'or ni le tunnel à ce jour. Alors si un de nos visiteurs a l'âme d'un chercheur de trésors, ici, il aurait un beau terrain de jeu...
Pour l'heure, nous décidons de rentrer, laissant le Castell de Bellpuig avec son histoire et ses légendes derrière nous pour retourner à notre réalité dont les panneaux de signalisation en ont perdu la tête!!!
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Pour rappel
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