Ces 1 500km, une véritable torture!
Passés les bons moments avec Laurent, éleveur en Côte d'Or et son épouse, nous entrons dans une tout autre réalité en traversant le Luxembourg et l'Allemagne par l'autoroute. Habitués aux trajets sur les routes de campagnes, nos nerfs sont à vif. Ici le trafic est dense, les voitures et camions arrivent à toute allure et de toute part, d'importants travaux de voiries et les déviations amplifient la difficulté de l'exercice sans compter le mauvais temps qui ne cesse de nous poursuivre.
Les essuie-glaces du Duster activés au maximum de leur puissance ne suffisent pas, rien de visible à plus de 2 mètres. Une horreur pour nous. Jean-Paul, les zygomatiques contractés, a les yeux rivés sur la route et ne lâche pas un mot, pas une mouche ne vole dans l'habitacle. Dans ce contexte, je m'attends à chaque bifurcation qu'il me propose de retourner en France, notre pays natal que nous connaissons peu.
J-3, notre premier camping
Fatigués de cette météo capricieuse, de ces 389 kilomètres parcourus, dont certains dus à des erreurs d'aiguillage, nous ne prenons pas le temps de chercher un petit coin agréable où dormir ce 17 juin, troisième jour de voyage. C'est un camping frontalier au Luxembourg et à l'Allemagne, plus exactement à Echternach que nous passerons la nuit. Une fois Roulotte installée, chacun tente de s'échapper, de se détendre comme il peut. Nous sommes à bout. Jean-Paul se divertit en écoutant des sketches humoristiques sur YouTube. De mon côté, je profite de cette occasion pour découvrir les environs. Il faut absolument que l'on arrive tous les deux à souffler un peu avant le souper et retrouver notre bonne humeur habituelle. Je parcours les allées du camping, jusqu'aux berges de la Sûre, rivière qui sépare les deux pays.
Tiens, tiens, les résidents soupent déjà; pourtant il n'est que 18h. La nuit n’est totale qu’après 22h en ce mois de juin. Des canards se dandinent entre les caravanes, espérant profiter de quelques restes de repas. Je m'éloigne d'eux d'une centaine de mètres, atteins la sortie du camping et franchis le pont moyenâgeux que nous avons traversé avec Roulotte un peu plus tôt. Un poste de douane contemporain rappelle que les accords de Schengen n'ont que 40ans. Enfin, de fugaces rayons de soleil, les premiers et les derniers de notre journée apparaissent.
Le poste de douane
Je me dirige alors vers Roulotte, il est près de 19h, il y a encore beaucoup à faire sur le campement. Je retrouve Jean-Paul endormi. La fatigue nerveuse a eu raison de lui. Demain, au petit déjeuner, nous ferons le point sur la suite du programme. Je fonde l'espoir d'une bonne humeur revenue après l'indispensable bol de muesli fumant qui met mon compagnon en joie. Pour l'instant, je sors d’une des cantines les premières galettes de céréales. Elles caleront bien une petite faim. Après l'inévitable vaisselle et une courte douche, je me glisse sans bruit sous les draps douillets, c'est l'un des meilleurs moments de la journée. J'appréhende les 1650km encore à parcourir avant d'atteindre Oslo.
La traversée de 3 pays en 48 heures
Après une nuit calme, un réveil matinal au son des coin-coin, et une bonne ration de céréales, nous plions le camp et prenons l'autoroute gratuite en Allemagne.
Sur le parcours, une halte s'impose. Une aire de stationnement se trouve sur notre droite. Sans charme elle est très sale. Je prends conscience en traversant l'Allemagne que ce pays comme la France subit les mêmes effets dévastateurs comme la forte pollution visuelle, la malbouffe avec son pendant de papiers gras et de canettes jonchant le sol. Nous goûtons un Bretzel, étonnés qu'il soit salé autant que l'addition d'ailleurs. C'est le moment de reprendre la route!
La suite du trajet s'avérera encore plus pénible. Après 497 km, sous la pluie, sur des autoroutes toujours aussi denses avec autant de travaux, nous cherchons un endroit où nous poser. Pas de chance, nous traversons un terrain militaire sur 11 km avec l'interdiction de prendre des photos et de stationner. Nous trouvons enfin, pour dormir, un parking bitumé à proximité d'un bâtiment désaffecté, probablement une ancienne porcherie. Au petit matin, en me passant un coup de peigne, j’aperçois subrepticement à travers les pins, deux chars d’assaut revenant d’exercice. Ils impressionnent.
Aujourd'hui, nous prenons notre premier ferry à Puttgarden en Allemagne vers Rodby au Danemark. Cela est la première traversée d'une longue série qui va suivre. Rejoindre le pays des fjords uniquement par les terres est impossible sauf à entreprendre un immense détour par la Russie. Pour l’embarquement, nous nous allégeons de 145 euros pour notre ensemble routier de moins de 10 mètres, 9m60 exactement ; en retour, nous profitons de 45 minutes de détente comme de vrais touristes insouciants.
Du coup, les sourires reviennent à bord. L'odeur iodée de la mer et les mouettes planant au-dessus de nos têtes au gré des courants thermiques nous appellent au lâcher-prise. Pour la première fois depuis notre départ, nous prenons le temps et visitons à la sortie du ferry, le site funéraire de Stortensgrave vieux de 5 000 ans.
Ce 18 juin, nous passons notre quatrième nuit dans un camping ouvert à l’année et au tarif raisonnable pour ce pays, puisqu’il est de 30€, douche et électricité comprises. Nous ne réalisons pas encore que nous allons devoir payer bien plus cher, sans aucune commodité, lorsque nous traverserons de nouveau le Danemark pays sur le chemin du retour, mais ça, c’est une autre histoire...
La législation danoise n' autorise pas le camping sauvage.
J-5 Le droit à la nature sous contrôle
Ce n’est pas moins de 487 km que nous parcourons en traversant le Danemark et la Suède en ce jour 5. Nous aurons pris pour cela, le fameux pont-tunnel de l’Øresundsbron qui nous aura coûté la bagatelle de 144 euros.
Maintenant, il se fait tard, nous nous engouffrons dans la forêt suédoise par une piste de terre, sans trop savoir où nous allons. Un demi-tour sera-t-il réalisable ? Il est trop tard pour se questionner ! Là encore, la maniabilité de la caravane se pose. Finalement, nous débusquons un étroit chemin de débardage qui, après diverses manœuvres, fera très bien l’affaire pour un bivouac « dans la verte ».
La bonne nouvelle c'est qu'en Suède comme en Norvège, il est possible de s’arrêter et de dormir où l'on veut, à condition de se trouver à plus de 150 mètres d'une habitation en Norvège. C'est un droit dont la seule contrepartie est de respecter la nature et les animaux qui y vivent. Petit bémol toutefois, nous constatons beaucoup d'interdictions de stationner et de chemins barrés lors de nos déplacements. Je l'explique par l’engouement de la « vanlife » et le grand nombre de camping-car, caravane et van sur la route.
J-6 L'arrivée en Norvège
Le franchissement de la frontière entre la Suède et la Norvège passe presque inaperçu sur la route de campagne que nous avons choisi d’emprunter. Seuls, les drapeaux qui pavoisent sur les mâts dans les jardins nous indiquent que nous avons changé de pays. Les demeures disséminées dans le paysage sont peintes de couleurs rouges, jaunes, vertes. Et blanches pour les plus riches. Elles sont pour la plupart dotées de petites fenêtres, décorées de rideaux légers, et d’une lampe souvent allumée en plein jour qui diffère peu d'une maison à l'autre. Les pelouses sont tondues pareil à un green et les trampolines remplacent les piscines. Cette uniformité surprend et interpelle à la fois. Il me tarde d'arriver chez Irène, notre hôte norvégienne, vous vous en souvenez ?
Il nous a fallu 6 jours pour effectuer le trajet Perpignan Hobøl, près d'Oslo.
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